#Roi de Francie Occidentale
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Hugues the Great (897-956) crowns Raoul or Rodolphe of Burgundy (circa 890 - 936), Duke of Burgundy and King of France. Unknown artist.
#Chromolithography#french history#middle ages#kingdom of france#rudolph of france#king of france#duke of burgundy#burgundy#king of west francia#Bosonids#raoul de bourgogne#rodolphe de bourgogne#duc de bourgogne#roi des francs#vive le roi#Roi de Francie Occidentale#Bosonides
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L'histoire de la France commence avec les premières occupations humaines du territoire correspondant au pays actuel. Aux groupes présents depuis le Paléolithique et le Néolithique, sont venues s'ajouter, à l'Âge du bronze et à l'Âge du fer, des vagues successives de Celtes, puis au iiie siècle de peuples germains (Francs, Wisigoths, Alamans, Burgondes) et au ixe siècle de scandinaves appelés Normands.
Le nom de la France est issu d'un peuple germanique, les Francs. Clovis (466-511), roi des Francs saliens, scelle par son baptême à Reims l'alliance de la royauté franque avec l'Église catholique. Il unit les tribus franques salienne et ripuaire et conquiert un ensemble de territoires en Gaule et en Germanie qui sont agrandis par ses descendants mérovingiens, puis par la deuxième dynastie franque des Carolingiens fondée en 751. Charlemagne en particulier conquiert la Basse-Saxe dans le Nord de l'Allemagne, le royaume lombard en Italie et constitue une marche à l'est qui deviendra l'Autriche.
L'Empire carolingien est finalement partagé en 843 entre ses petits-fils par le traité de Verdun qui sépare la Francie occidentale de la Francie orientale, qui deviendra le royaume de Germanie. La troisième dynastie franque, celle des Capétiens, s'impose définitivement en Francie occidentale à partir de 987. Philippe Auguste et ses successeurs donnent une nouvelle impulsion à l'unification territoriale du royaume de France et repoussent les frontières orientales du Rhône sur les Alpes et de la Saône sur le Rhin, à partir de l'achat du Dauphiné (1349) jusqu'à l'annexion de l'Alsace (1648-1697).
Le nom de France n'est employé de façon officielle qu'à partir de 1190 environ,
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The history of France begins with the first human occupations of the territory corresponding to the current country. To the groups present since the Paleolithic and the Neolithic, were added, in the Bronze Age and the Iron Age, successive waves of Celts, then in the 3rd century of Germanic peoples (Franks, Visigoths, Alemanni, Burgundians) and in the ninth century Scandinavians called Normans.
France's name comes from a Germanic people, the Franks. Clovis (466-511), king of the Salian Franks, seals by his baptism in Reims the alliance of Frankish royalty with the Catholic Church. He united the Salian and Ripuarian Frankish tribes and conquered a set of territories in Gaul and Germania which were enlarged by his Merovingian descendants, then by the second Frankish dynasty of the Carolingians founded in 751. Charlemagne in particular conquered Lower Saxony in the North of Germany, the Lombard kingdom in Italy and constitutes a step to the east which will become Austria.
The Carolingian Empire was finally divided in 843 between his grandsons by the Treaty of Verdun which separated West Francia from East Francia, which would become the Kingdom of Germania. The third Frankish dynasty, that of the Capetians, definitively imposed itself in West Francia from 987. Philippe Auguste and his successors gave new impetus to the territorial unification of the kingdom of France and pushed back the eastern borders of the Rhône on the Alps and of the Saône on the Rhine, from the purchase of Dauphiné (1349) until the annexation of Alsace (1648-1697).
The name of France is not used officially until about 1190,
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Le viking et la princesse de Sara Agnès L
2 février 2022 377 pages Roman historique – Vikings – Romance érotique – Amour – Vengeance – Passion – Mariage – Désir 6,99 € – Ebook / 12,66 € – Broché Il croyait qu’elle était son destin ? Elle voulait surtout être celle qui y mettrait fin ! En 858, alors que la Francie Occidentale est attaquée par les Bretons et les Vikings, le roi Charles se voit forcé d’envoyer son fils unique au combat.…
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Dynastie Mérovingienne
La dynastie mérovingienne était la famille régnante des Francs depuis environ 481, date à laquelle Clovis Ier monta sur le trône des Francs saliens, jusqu'en 751, date à laquelle Childéric III fut déposé et où les Mérovingiens furent supplantés par la dynastie carolingienne en tant que rois de Francie. Les Mérovingiens établirent le royaume le plus vaste et le plus puissant d'Europe occidentale, consolidant ainsi la domination des Francs.
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[…] Zoocentrisme, anthropocentrisme : Je prétends, sans aucune crainte d'être démenti, que l'être humain, quelle que soit l'époque et quel que soit l'endroit, a toujours préféré les animaux aux plantes…/… De toute évidence, l'animal nous fascine; il attire et retient le regard, il focalise l'attention, il suscite des sentiments divers, d'admiration, de curiosité, de convoitise, de sympathie souvent, de peur ou de répugnance parfois, jamais d'indifférence…/…
Le remplacement de l'ivoire d'éléphant par de l'ivoire végétal a été présenté comme une victoire de l'écologie. Mais qui se soucie de l'avenir - fort sombre - des palmiers qui fournissent l'ivoire végétal ces étranges Phytelephas des sous-bois d'Amazonie occidentale, dont l'existence est déjà menacée par la disparition des dernières forêts primaires du pied des Andes ? Et en quoi serait-il préférable de voir disparaître ces palmiers plutôt que les éléphants ? J'ai trouvé, au supermarché, un shampooing « pur, naturel, aux huiles essentielles de sauge et de baies de genièvre, de camomille, d'orange et de bois de rose ». L'étiquette précise gentiment « produit non testé sur les animaux »… Pourquoi les ligues contre la vivisection ne protègent-elles pas les platanes de la tronçonneuse des élagueurs ? Ce n'est pas nouveau, comme le note Lieutaghi : « À Lascaux, déjà, on ne voit rien de végétal; l'animal-roi semble occuper tout l'espace de dévotion [...]. Et pourtant, c'est bien l'herbe qui fait le renne et l'auroch. Et le chasseur est aussi un mangeur de fruits et de graines. C'est seulement que la plante ne prête pas à gloire, qu'on ne la vainc pas dans les périls. Rien pour la mémoire des exploits... ». Mais c'est aussi une attitude contemporaine. Au début des années 1990, EDF met en eau le barrage de Petit-Saut, en Guyane française. Dans la forêt qui va mourir, les scientifiques s'activent, organisent le sauvetage de quelques animaux - singes, tortues, paresseux, tatous qui étaient pratiquement tous capables de se sauver par eux-mêmes à la nage. Aucun arbre, aucune liane ne bénéficie de mesure de sauvetage, alors qu'ils ne savent pas nager et que l'inondation les voue inéluctablement à la mort. C’est l'erreur de Noé qui se répète. Petit-Saut ? Le plus grand ravage forestier de toute l'histoire de la Guyane. Février 1997. On arrive pour la première fois à cloner une brebis, et ça fait beaucoup de bruit dans les médias. Le clonage des plantes, pratique horticole et maraîchère immémoriale, n'a jamais intéressé spécialement les journaux. Mais avec une brebis... on se rapproche de l'être humain…[…]
Francis Hallé - Éloge de la plante (Pour une nouvelle biologie) - 1999
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Personnalité de l'#Histoire de #France🇫🇷 au Moyen-Âge: Hugues CAPET. Il est élu roi des Francs par les seigneurs de Francie occidentale le 02 juillet 987. Le 04, en la cathédrale de Noyon, il sera couronné et deviendra Hugues 1er. La dynastie capétienne règnera sur le royaume jusqu'en 1792. #Moyenâge #Monarchie #Capétiens #HuguesCAPET #Hugues1er #Noyon #Devoirdemémoire https://www.instagram.com/p/CCHIqpyiFc_/?igshid=dn6atip0lwd
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Ho controllato il New York Times. Ho controllato il Telegraph. Ho controllato Le Monde. Ho controllato la BBC. Ho confrontato le proposte delle migliori case editrici italiane. Ho setacciato mezzo internet per poter stilare una lista al contempo più completa e più varia possibile.
E, alla fine, ce l'ho fatta.
Clicca su "Continua a leggere" per scoprire l'elenco completo dei duecento libri da leggere prima di morire!
I DUECENTO LIBRI DA LEGGERE PRIMA DI MORIRE: L'ELENCO
(IN ORDINE ALFABETICO)
1984 – George Orwell
1Q84 – Haruki Murakami
A Christmas Carol – Charles Dickens
A ciascuno il suo – Leonardo Sciascia
A Fine Balance – Rohinton Mistry
A me le guardie! – Terry Pratchett
A sangue freddo – Truman Capote
Alice nel Paese delle Meraviglie – Lewis Carroll
Alla ricerca del tempo perduto – Marcel Proust
Altri libertini – Pier Vittorio Tondelli
Amabili resti – Alice Sebold
Amore e Psiche – Apuleio
Anna dai capelli rossi – Lucy Maud Montgomery
Anna Karenina – Lev Tolstoj
Artemis Fowl – Eoin Colfer
Ayla figlia della Terra – Jean Auel
Bar sport – Stefano Benni
Black Beauty: autobiografia di un cavallo – Anna Sewell
Bleak House – Charles Dickens
Brideshead Revisited – Evelyn Waugh
Buchi nel deserto – Louis Sachar
Buona apocalisse a tutti! – Terry Pratchett and Neil Gaiman
Caino e Abele – Jeffrey Archer
Canto di Natale – Charles Dickens
Casa Desolata – Charles Dickens
Cent'anni di solitudine – Gabriel García Márquez
Charlotte's Web – EB White
Cime tempestose – Emily Brontë
Comma 22 – Joseph Heller
Cristo si è fermato ad Eboli – Carlo Levi
Cuore – Edmondo de Amicis
Cuore di tenebra – Joseph Conrad
David Copperfield – Charles Dickens
Delitto e castigo – Fëdor Dostoevskij
Diario – Anne Frank
Dieci piccoli indiani – Agatha Christie
Dio di illusioni – Donna Tartt
Don Chisciotte della Mancia – Miguel de Cervantes
Dracula – Bram Stoker
Dune – Frank Herbert
Emma – Jane Austen
Fahrenheit 451 – Ray Bradbury
Favole al telefono – Gianni Rodari
Finzioni – Borges
Frankenstein – Mary Shelley
Furore – John Steinbeck
Gente di Dublino – James Joyce
Germinale – Emile Zola
Gita al faro – Virginia Woolf
Gli indifferenti – Alberto Moravia
Gormenghast – Mervyn Peake
Grandi speranze – Charles Dickens
Guerra e pace – Lev Tolstoj
Guida galattica per autostoppisti – Douglas Adams
Harry Potter – J. K. Rowling
Ho un castello nel cuore – Dodie Smith
I Buddenbrook – Thomas Mann
I cercatori di conchiglie – Rosamunde Pilcher
I Dolori del Giovane Werther – J. W. Goethe
I figli della mezzanotte – Salman Rushdie
I fiori del male – Charles Baudelaire
I fratelli Karamazov – Fedor Dostoevskij
I Malavoglia – Giovanni Verga
I Miserabili – Victor Hugo
I pilastri della terra – Ken Follett
I Promessi Sposi – Alessandro Manzoni
I Tre Moschettieri – Alexandre Dumas
Il barone rampante – Italo Calvino
Il bianco e il nero – Malorie Blackman
Il buio oltre la siepe – Harper Lee
Il Cacciatore di Aquiloni – Khaled Hosseini
Il canto del cielo – Sebastian Faulks
Il Codice da Vinci – Dan Brown
Il Colore Viola – Alice Walker
Il Commissario Maigret – George Simenon
Il Conte di Monte Cristo – Alexandre Dumas
Il diario di Bridget Jones – Helen Fielding
Il Dio delle piccole cose – Arundhati Roy
Il dottor Jekyll e Mr. Hyde – Robert Louis Stevenson
Il dottor Zivago – Boris Pasternak
Il fu Mattia Pascal – Luigi Pirandello
Il Gattopardo – Giuseppe Tomasi di Lampedusa
Il giardino dei Finzi-Contini – Giorgio Bassani
Il giardino segreto – Frances Hodgson Burnett
Il giornalino di Gian Burrasca – Vamba
Il giovane Holden – J. D. Salinger
Il grande Gatsby – Francis Scott Fitzgerald
Il leone, la strega e l'armadio – C. S. Lewis
Il maestro e Margherita – Bulgakov
Il mago – John Fowles
Il Mandolino del Capitano Corelli – Louis De Berniere
Il mondo nuovo – Aldous Huxley
Il Nome della Rosa – Umberto Eco
Il Padrino – Mario Puzo
Il paradiso degli orchi – Daniel Pennac
Il passaggio segreto – Enid Blyton
Il Piccolo Principe – Antoine De Saint-Exupery
Il potere e la glori – Graham Greene
Il Processo – Franz Kafka
Il Profeta – Kahlil Gibran
Il profumo – Patrick Süskind
Il ragazzo giusto – Vikram Seth
Il ritratto di Dorian Gray – Oscar Wilde
Il Rosso e il Nero – Stendhal
Il signore degli anelli – J. R. R. Tolkien
Il signore della magia – Raymond E. Feist
Il signore delle mosche – William Golding
Il vecchio e il mare – Ernest Hemingway
Il velo dipinto – W. Somerset Maughan
Il vento tra i salici – Kenneth Grahame
In culo al mondo – Antonio Lobo Antunes
Io, robot – Isaac Asimov
Jane Eyre – Charlotte Brontë
Katherine – Anya Seton
Kitchen – Banana Yoshimoto
La casa degli spiriti – Isabel Allende
La ciociara – Alberto Moravia
La collina dei conigli – Richard Adams
La coscienza di Zeno – Italo Svevo
La Divina Commedia – Dante Alighieri
La donna in bianco – Wilkie Collins
La fabbrica di cioccolato – Roald Dahl
La famiglia Winshow – Johnathan Coe
La fattoria degli animali – George Orwell
La fattoria delle magre consolazioni – Stella Gibbons
La fiera delle vanità – William Makepeace Thackeray
La lettera scarlatta – Nathaniel Hawthorne
La luna e i falò – Cesare Pavese
La Storia – Elsa Morante
La trilogia della città di K – Agosta Kristof
La verità sul caso Harry Quebert – Joel Dicker
La versione di Barney – Mordecai Richler
L'alchimista – Paulo Coelho
L'amore ai tempi del colera – Gabriel García Márquez
L'arte della guerra – Sun Tzu
L'arte di essere felici – Arthur Schopenhauer
Le affinità elettive – Goethe
Le avventure di Alice nel Paese delle Meraviglie – Lewis Carroll
Le Avventure di Pinocchio – Collodi
Le Avventure di Sherlock Holmes – Sir Arthur Conan Doyle
Le Cronache del Ghiaccio e del Fuoco – George R. R. Martin
Le notti bianche – Fedor Dostoevski
L'eleganza del riccio – Muriel Barbery
Lessico Familiare – Natalia Ginzburg
Lettera a un bambino mai nato – Oriana Fallaci
L'insostenibile leggerezza dell'essere – Milan Kundera
L'isola del tesoro – Robert Louis Stevenson
Lo strano caso del cane ucciso a mezzanotte – Mark Haddon
Lolita – Vladimir Nabokov
L'ombra del vento – Carlos Ruiz Zafon
L'ombra dello scorpione – Stephen King
L'opera completa di Shakespeare
Madame Bovary – Gustave Flaubert
Mattatoio n. 5 – Kurt Vonnegut
Memorie di Adriano – Marguerite Yourcenar
Memorie di una geisha – Arthur Golden
Middlemarch – George Eliot
Moby Dick – Herman Melville
Morty l'apprendista – Terry Pratchett
Niente di nuovo sul fronte occidentale – Remarque
Night watch – Terry Pratchett
Noi, i ragazzi dello zoo di Berlino – Christiane F.
Non ora, non qui – Erri De Luca
Norwegian Wood – Haruki Murakami
Notes From A Small Island – Bill Bryson
Oceano mare – Alessandro Baricco
Odissea – Omero
Oliver Twist – Charles Dickens
Opinioni di un clown – Heinrich Boll
Orgoglio e pregiudizio – Jane Austen
Pastorale americana – Philip Roth
Persuasione – Jane Austen
Piccole donne – Louisa May Alcott
Possession – AS Byatt
Preghiera per un amico – John Irving
Quel che resta del giorno – Kazuo Ishiguro
Queste oscure materie – Philip Pulman
Racconto di due città – Charles Dickens
Rebecca, la prima moglie – Daphne du Maurier
Ritorno a Brideshead – Evelyn Waugh
Se questo è un uomo – Primo Levi
Shining – Stephen King
Siddharta – Hermann Hesse
Sostiene Pereira – Tabucchi
Storia di una gabbianella e del gatto che le insegnò a volare – Luis Sepulveda
Suite francese – Irene Nemirovsky
Sulla strada – Jack Kerouac
Tess dei d'Urbervilles – Thomas Hardy
The Faraway Tree Collection – Enid Blyton
The Wasp Factory – Iain Banks
Tre Uomini in Barca – Jerome K. Jerome
Uccelli di rovo – Colleen McCullough
Ulisse – James Joyce
Un Uomo – Oriana Fallaci
Una città come Alice – Nevil Shute
Uomini e topi – John Steinbeck
Via col vento – Margaret Mitchell
Via dalla pazza folla – Thomas Hardy
Vita di Pi – Yann Martel
Winnie the Pooh – AA Milne
Mi sembra strano che autori come Baudelaire, Wilde o Shakespeare siano stati citati un'unica volta, così come il Diario di Anna Frank o Ulisse di Joyce - che per carità possono piacere o non piacere, ma sono comunque importanti dal punto di vista storico il primo ed il padre del modernismo inglese il secondo - mentre Harry Potter o Il Signore degli Anelli erano presenti in tutte le liste - anche qui, importantissimi per la storia del fantasy e perfino rivoluzionari, ma paragonarli a Shakespeare?
E voi, cosa ne pensate? Siete d'accordo, anche parzialmente, o ci sono grandi assenti? Fatemelo sapere nei reblog :)
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PETITE HISTOIRE DU FRANÇAIS JUSQU’A NOS JOURS
Vous souvenez-vous de cette vague d’indignation et de mécontentement qui a soulevé la France en 2016 lorsqu’est ressortie une polémique sur la réforme de l’orthographe ? Beaucoup de gens se sont plaints de tout et de n’importe quoi, mais il s’est notamment dit que l’orthographe dite « r��visée » ou « de 1990 » (car, rappelons-le, cette réforme a été publiée et approuvée depuis le 6 décembre 1990) est horrible, dénaturée, et que les gens ne savent plus écrire aujourd’hui. Pourtant, ils seraient moins nombreux à protester contre les réformes de l’orthographe de 1835 et 1878, la première étant souvent considérée comme la transition du français moderne naissant au français standard actuel.
Et ils semblent également oublier que la langue française a derrière elle plus de 1200 ans d’existence… alors justement, faisons un petit tour d’horizon du français, de ses origines à nos jours et voyons son évolution sur ses siècles d’existence.
Les racines du français se situent à de la chute de l’Empire Romain d’Occident, sur la fin du Ve siècle de notre ère. Le latin vulgaire, implanté sur les territoires des Gaules par les conquêtes romaines, avait déjà supplanté les langues vernaculaires des peuples gaulois vivant sur place auparavant. Le latin étant la langue véhiculaire de l’Empire et ayant l’avantage d’être écrit contrairement aux langues gauloises, qui étaient uniquement orales, il domina le territoire de la future France pendant des siècles, se différenciant légèrement de celui parlé à Rome par les empereurs (laissant un total de 100 à 150 mots d’origine gauloise survivre dans la langue française actuelle).
Cependant, ces dialectes du latin vulgaire allaient faire face à l’invasion des peuples et langues germaniques venus de l’autre côté du Rhin et du Danube. Ces langues finiront par s’assimiler petit à petit, donnant un ensemble de dialectes appelé historiquement gallo-roman (soit « langue romane de Gaule »). Aujourd’hui, on distingue un peu plus l’influence des langues germaniques sur l’ensemble de ces dialectes, et on les sépare en deux familles de dialectes : le gallo-roman au nord de la Loire, et l’occitano-roman au sud. Ces deux groupes vont lentement diverger et évoluer entre le Ve et le IXe siècle, période parfois appelée « proto-français ».
À noter que chaque groupe de dialectes du latin vulgaire a eu ses différentes influences, et on peut ainsi distinguer les familles suivantes : en plus des deux groupes cités précédemment, la sous-famille des langues romanes occidentales compte l’ibéro-roman dans la péninsule ibérique, influencé par les wisigoths puis les arabes, ainsi que les dialectes d’Italie du Nord ; l’italo-roman (ou dialectes d’Italie du Sud) constitue le seul représentant des langues romanes méridionales ; tout à l’est du continent, on peut trouver le roumain et les langues romanes orientales, plus influencées par les slaves ; en marge de tous ces groupes de langues romanes continentales, on trouve les langues romanes insulaires (comme le vieux corse et le sarde), sûrement influencées par le peuple vandale.
Revenons dans les dialectes gallo-romans, pour nous arrêter un instant aux Serments de Strasbourg. Prononcés le 14 février 842 par Charles le Chauve (Charles II de France dans la généalogie traditionnelle des rois de France) et Louis le Germanique (Louis II de Germanie), ils signent leur alliance militaire contre leur frère Lothaire (un an avant le traité de Verdun qui donnera notamment naissance au royaume de Francie Occidentale, successeur de la Gaule et ancêtre direct de la France)). Ces traités sont d’une importance capitale car souvent considérés comme l’acte de naissance de la langue française : le texte est celui d’une alliance politique, et est écrit et prononcé par Charles en langue tudesque (ou germanique) pour l’armée de Louis, ainsi qu’écrit et prononcé par Louis en langue romane pour l’armée de Charles. En voici un extrait en langue romane :
Si Lodhuvigs sagrament, que son fradre Karlo iurat, conservat, et Karlus meos sendra de suo part non lostanit, si io returnar non l’int pois: ne io ne neuls, cui eo returnar int pois, in nulla aiudha contra Lodhuvig nun li iv er. « Si Louis observe le serment qu’il jure à son frère Charles et que Charles, mon seigneur, de son côté, ne le maintient pas, si je ne puis l’en détourner, ni moi ni aucun de ceux que j’en pourrai détourner, nous ne lui serons d’aucune aide contre Louis. »
Entre le IXe et le XIIIe siècle émerge autour de la capitale de la Francie, Paris, la langue royale, dialecte qui donnera par la suite le français. Il faut toutefois noter qu’à cette époque chaque seigneur, chaque région parle un dialecte différent, et que si les nuances peuvent être légère entre les dialectes gallo-romans (ou langues d’oïl), elles sont bien plus importante entre un dialecte gallo-roman et un dialecte occitano-roman (ou langue d’oc). Cependant nous reviendrons aux dialectes du français dans le prochain article, et nous concentrerons donc ici sur le dialecte de la capitale. Il fut d’abord appelé roman ou romanz (prononcé /rɔ.mɑ̃ns/) jusqu’au XIIe siècle, avant que le terme franceis (prononcé /frɑ̃n.ʦɛɪs/ puis /frɑ̃n.sɛɪs/ à partir du XIIIe siècle) n’apparaisse.
C’est pendant cette période, appelée « ancien français » que l’une des variétés de la langue d’oïl, le franco-normand, arrive en Grande-Bretagne lors de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Nous aurons également l’occasion de revenir dans un prochain article sur l’influence du français sur la langue anglaise.
À partir du XIVe siècle, on entre dans la période du moyen-français, et le terme franceis mute et disparaît peu à peu au profit de françoys (prononcé /frɑ̃.swɛ/), mais la langue en elle-même reste limitée comme étant celle de la région du roi. Ceci change en août 1539 lorsque François Ier signe l’Ordonnance de Villers-Cotterêts, et le françoys devient la langue officielle du royaume de France, à la place du latin et des autres langues parlées sur le territoire.
De prononcer et expedier tous actes en langaige françoys Et […] Nous voulons q~ doreſenauãt tous arreſtz […] ſoient prononcez, enregistrez & deliurez aux parties en langage maternel francoys, et non autrement. « De prononcer et rédiger tous les actes en langue française Et […] nous voulons que dorénavant tous les arrêts […] soient prononcés, publiés et notifiés aux parties en langue maternelle française, et pas autrement. »
Cela ne rend pas la France monolingue, loin de là, les langues régionales vont subsister encore avec force jusqu’à la Révolution. Mais cela renforce la puissance de la langue française sur le territoire du royaume notamment au détriment du latin. À noter que le texte commence enfin à être compréhensible pour un locuteur moderne, bien que de grandes différences soient notables.
La transition vers le français classique se fait au début du XVIIe siècle, et alors que c’est à cette époque que le français commence à standardiser son écriture (notamment avec l’invention de l’Académie Française en 1635), on y insère paradoxalement des lettres vestigiales issues du latin, alors qu’elles avaient complètement été éliminées par l’évolution : pie devient « pied » par rapprochement avec le latin pedis, ou doit et vint deviennent « doigt » et « vingt » par étymologie avec digitus et viginti respectivement. Cette nouvelle orthographe étymologique est même parfois erronée : pois devient « poids » par rapprochement avec pondus, alors qu’il est issu de ponsus, et savoir devient sçavoir par rapprochement avec sciere, alors qu’il est issu de sapere (il faudra attendre 1740 pour que sçavoir redevienne « savoir », même si l’orthographe sçavoir perdurera encore un peu).
Le françois (toujours prononcé /frɑ̃.swɛ/ au début du XVIIe siècle, puis évoluant vers /fʀɑ̃.sɛ/) s’exporte alors dans l’Empire Colonial français naissant, notamment en Nouvelle-France (où il a donné l’actuel dialecte québécois entre autres), mais devient également la langue de prestige des cours d’Europe, à un point tel que le français remplace le latin pour les traités et la diplomatie, et que la cour russe parle plus français que russe, résultant encore aujourd’hui en un grand nombre de mots russes empruntés directement au français.
Cependant, à partir de la Révolution Française, ce prestige diminue, tandis que l’anglais monte en puissance et commence à rivaliser avec le français moderne, qui quant à lui est occupé à faire disparaître toutes les langues régionales qui sont jugées « contre-révolutionnaires ». Au début du XIXe siècle, seulement 25% des français parlent couramment le français, et jusqu’au milieu du XXe siècle, des méthodes coercitives et humiliantes seront employées notamment dans les écoles pour éradiquer les langues comme le breton, le basque, l’occitan ou le corse : dans le courant du XIXe siècle, elles commencent à être vues comme populaires et à être méprisées ; avant 1900, l’État interdit l’enseignement en langue régionale, et ne promeut que le français (à partir de 1842, « il est défendu aux élèves de parler breton, même pendant la récréation et de proférer aucune parole grossière, aucun livre breton ne devra être admis ni toléré »). Aujourd’hui, ces langues ont perdu un nombre considérable de locuteurs et malgré les efforts de certains pour leur donner un nouveau souffle, il est probable qu’elles s’éteignent dans le prochain siècle…
À partir de 1835 le français entre dans sa période contemporaine, et est à peu de choses près la langue que l’on connaît aujourd’hui (entre autres, deux réformes orthographiques seront passées par là (notamment celle de 1835 corrigeant les orthographes en « oi » par des orthographes en « ai »), et le phonème /ʀ/ se sera vu quasi-totalement remplacé par /ʁ/). Aujourd’hui seule langue officielle de France, et de loin la plus parlée sur le territoire français, elle est également la langue maternelle d’un peu plus de 1% de la population mondiale, et une langue parlée par 290 millions de personnes couramment, en faisant la sixième langue la plus parlée au monde. Elle a perdu son statut de langue mondiale face à l’anglais mais reste une langue de travail très importante, et malgré son passé chargé, elle n’est en aucun cas à discréditer de par les actions de ceux qui la parlaient auparavant. Le français est également et avant tout une langue vivante, qui continue d’évoluer et dont les règles fixées par l’Académie Française peinent à égaler la vitesse des changements que propose l’oral. Qui sait de quoi elle sera faite dans le futur ?
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Comment reconnaît-on en anglais si une personne tutoie ou vouvoie ?
Pas.
Fait linguistique amusant : le pronom de deuxième personne you était en réalité la marque du pluriel, puis de la politesse également après la conquête normande de l’Angleterre et l’influence de l’usage continental ; il a disparu de la langue moderne aux alentours du XVIII ͤ siècle, les Anglais s’évitant, par un vouvoiement généralisé, d’offenser un interlocuteur par mégarde… En réalité, cela signalait surtout une rupture avec les usages féodaux alors que la société anglaise se faisait mercantiliste.
« Tutoyer », en anglais, se dit to thou, puisque « tu » se dit thou [ðaʊ], au cas-sujet, c’est-à-dire en tant que sujet et attribut du sujet (le nominatif latin), sachant que la forme cas-régime, indiquant l’objet, est thee. Sa contrepartie plurielle ou formelle est ye. Le pronom possessif correspondant est thy, ou thine, le pronom réfléchi thyself.
Et le moyen anglais conjuguait ses verbes !
to be (être) > thou art/beest (tu es) ; thou wast/wert (tu fus/étais)
to have (avoir) > thou hast (tu as) ; thou hadst (tu eus/avais)
to do (faire) > thou dost/doest ; thou didst
to make (fabriquer) > thou makest ; madest
to know (savoir) ;thou knowest ; knewest
to love (aimer) — thou lovest ; lovedest
will [auxiliaire modal exprimant le futur] > thou wilt ; wouldest
shall [aux. mod., expr. le devoir au futur] > thou shalt ; shouldest (c.f. l’un des Dix Commandements : Thou shalt not kill.)
Sachant que le e intercalaire n’était pas obligatoire (makest/makst), les amateurs de poésie se livraient volontiers au même genre de triche qu’en français ceux qui tronquaient encor’…
Étymologiquement parlant, thou vient du vieil anglais þú ou þū (laquelle a diphtongué, l’anglais ayant une passion malsaine pour la diphtongue) issu d’une racine indo-européenne tu (°túh₂). Pour mémoire :
I : du vieil anglais ic, du proto-germanique °ek/ik, issu d’une racine indo-européenne °éǵh₂dont provient également le latin ego qui a donné le français je.
thou : P.I.E. > vieil anglais, voir plus haut.
he : du V.A.hē, du P.G. °hiz (« celui-ci ») issu d’une racine P.I.E. °ḱe de même sens qui a donné, par exemple, le latin cis, citer « ici, de ce côté ». La racine est la même que pour she, qui pour sa part a évolué depuis le P.G. °hijō (« celle-ci ») au V.A. hēo/hīo (« elle »),ayant muté en diverses formes, hyo/scho/ȝho dont sont issues les formes moyen-anglaises hye/sche, aboutissant au she moderne…Quant à it, il provient d'une racine P.I.E. °ḱe-/ḱey- signifiant « ceci, ici », laquelle est devenue hit en P.G. ; le sens a changé en « ceci, celui-ci (en parlant d’un objet inanimé de préférence, ou un animal) » mais l’orthographe n’a pas bougé jusqu’au M.A. où elle perdait fréquemment son h initial.
we : du P.G. °wīz, issu du P.I.E. °wéy.
you : chronologiquement, P.I.E. °yūs/°yū́ > °iwwiz (datif de °jīz) variante occidentale du P.G. °izwiz (datif de °jūz) > V.A. ēow/īow (datif de ġē) > moyen anglais you/yow/ȝow, (cas-régime de ye, mais figurez-vous qu’à date ultérieure ça s’est inversé…)
they : du M.A. thei, un emprunt (ca. 1200) au vieux norrois þeir,remplaçant le V.A. hī/hīe qu’un changement vocalique avait rendu indistinct du pronom he ; þeirétait à l’origine un démonstratif qui pouvait servir de pronom pluriel à l’occasion (« ceux-là »).
Dernière chose ! Une anecdote qui craque sous la dent de tout linguiste qui se respecte : en 1603 l’on fit un procès à Sir Walter Raleigh, qu’autrefois la reine Élisabeth I ͬ ͤ avait vachement à la bonne mais qui tomba en disgrâce sous Jacques I ͤ ͬ , au point qu’il fut accusé d’avoir ourdi un complot contre le roi… et bien, lors du procès susmentionné, le procureur (Sir Edward Coke, le grand rival du célèbre Francis Bacon) aurait déclamé cette phrase qui ne devait pas être facile à prononcer :
I thou thee, thou traitor!
« Je te tutoie, toi le traître ! »
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Domènikos Théotokopoulos dit Greco
Première rétrospective organisée en France, cette exposition rassemble près de 75 peintures posées dans un écrin de modernité qui sublime les couleurs du Greco adulées des peintres du 19 et du début du 20ème siècle. Elle est organisée en collaboration avec Le Louvre et l’Art Institut de Chicago.
Lorsque cette chronique va paraître, l’exposition sera terminée. Et, pourtant comment vous faire partager les émotions nées à la vue de ce travail si particulier. J’ai choisis pour certains tableaux de vous présenter les détails, ces parties qui pourrait déjà constituées un tout en soi, si l’époque l’avait acceptée. J’espère que le plaisir sera présent dans la découverte de cette œuvre particulière, si singulière, de ce peintre voyageur extrêmement talentueux.
Berceau de la civilisation Minoenne, la Crète est sous Protectorat de Venise au moment de la naissance de Domènikos Théotokopoulos en 1541. Venise est une puissance maritime et économique indéniable qui rayonne à travers tout le bassin méditerranéen. Riche de ses 175 000 habitants, ses principaux monuments sont déjà en place : Palais des doges, Place et Basilique Saint- Marc, Pont des soupirs, une centaine de palais, tout autant d’églises, 450 ponts sous lesquels circulent dix mille gondoliers,etc. Une cité reconnue comme foisonnante et attractive et qui est la capitale artistique du monde occidentale de l’époque.
La Crète, appelée aussi Royaume de Candie (actuellement Héraklion), est influencée par toute la culture post – byzantine. Elle est traversée par des problèmes économiques importants malgré un foisonnement intellectuel riche, une circulation des idées et des techniques, le développement de l’éducation et l’influence de la Renaissance italienne. Terre d’immigration, la Crète accueille aussi des ottomans qui fuient le régime turc aux fortes tendances expansionnistes.
Autel portatif dit Triptyque de Modène, 1567-1569 – Peut-être créée en Crète ou peu de temps après l’arrivée à Venise, cette peinture dont on ne connaît pas le commanditaire (un client grec vivant à Venise?) est un exemple de l’art hybride pratiqué un temps par le jeune artiste et montre ses premiers pas vers l’art de la Renaissance.
Triptyque de Modène- Détails – Il présente les débuts de Doménikos Théotokopoulos à Venise. Il porte sa signature. Le format est encore minimaliste. Mais, les couleurs évoquent celles du Titien et du Tintoret et la perspective et les dessins de la période vénitienne.
Domènikos Théotokopoulos est de religion orthodoxe même si son père a pu se convertir au catholicisme comme beaucoup à cette époque. L’influence byzantine est fondamentale dans son œuvre. Il devient un peintre d’icône. C’est un peintre minimalisme, au sein de l’atelier familial. Attaché tout au long de sa vie à rechercher ce que diffuse l’art et non uniquement sa représentation, El Gréco est un peintre accompli lorsqu’il devient adulte. Il se fait appeler Maestro Menegos Théodopoulos Sgouraphos. Il a 25 ans.
La cène -1568/1570
Émigré volontaire
Pour quelle raison, Domènikos Théotokopoulos souhaite partir ? Il faut certainement chercher dans sa personnalité. C’est un jeune homme surdoué, curieux, insatiable qui fréquente tout au long de sa vie les lettrés de la société, conscient de sa valeur et de son talent, tout entier dans l’émotion, illuminé notamment au niveau de sa foi et en recherche constante. Cette singularité est sa marque, car il est toujours un pas à côté de la conformité attendue. Souhaitant trouver un ou des mécènes qui le hisseront au firmament de la postérité, il part.
Saint François recevant les stigmates – 1570/1575
A 25 ans, il s’embarque pour La Serénissisme où il reste 3 ans. Titien a 80 ans. Il est connu et reconnu et vit dans l’île en face de Venise. Les Tintoret et Véronèse gravitent aussi dans cette sphère. Le courant maniériste est à sa fin : en s’opposant aux Classiques épris d’idéal anatomique et d’équilibre (Raphaël, Michel-Ange, Léonard de Vinci, etc), leurs peintres recherchent à décrire le trouble du monde et ses perturbations pour montrer la réalité du monde (couleurs acides, allongement des figures, recherche de l’élégance). Caravage s’insurge contre ce courant. Greco perfectionne son dessin et continue à apprendre la technique des couleurs pour passer du statut d’artisan à celui d’artiste.
Après quelques mois à Florence, il s’installe à Rome. Il y restera 6 ans. Michel – Ange est mort depuis 8 ans. Greco fréquente le cercle Farnèse qui rassemble des érudits et des mécènes. Il se fait engager dans la bibliothèque. Il reste à La Maison Farnèse pendant deux ans. Puis, une embrouille et on le chasse. En prenant un petit appartement, il loue aussi un atelier. Il cherche une place dans la société artistique. De Michel-Ange, il retient les grands formats. Il joue la provocation avec arrogance en déclarant que Michel-Ange ne savait pas peindre la Chapelle Sixtine, que cela manquait de profondeur et d’esprit mystique. Mais, son admiration pour ce génie de la peinture émerge dans toute son œuvre.
Il est aisé d’imaginer la difficulté du Greco à faire sa place dans ces dynasties artistiques italiennes. Il lui faut un monde neuf qui accepte sa langue qui a du garder son accent, sa difficulté à peindre des fresques et son impatience à être reconnu. Francesco Prevoste décide de l’aider et de l’accompagner. Il y a de l’Homme de la Mancha et de Sancho Pancha dans cette association. Francesco est celui qui inscrit dans la réalité tient les finances et l’intendance du Maître.
Fin de l’errance
Greco entend dire par Louis de Castilla, le futur prieur principal de Tolède, que Philippe II essaye de construire le palais de l’Escorial à Tolède, centre culurel de la Castille en lien avec le concile de Trente qui tente de s’adresser à tous les fidèles. Pour combattre la poussée protestante, l’église catholique recherche de nouvelles images pour promouvoir la foi. Le souverain veut rassembler dans un immense complexe monastère, palais et bibliothèque ainsi que les tombeaux de la dynastie des Habsbourg. Il est à la recherche d’un artiste capable de peindre pour ce lieu, dans la veine du Titien dont il est un grand admirateur. Des artistes flamands et italiens affluent et tentent leur chance. Il voyage jusqu’à Madrid avec son aide Francesco et réussit à avoir une commande. Il devient Greco. Il croit au pouvoir de l’image. Elle doit exprimer et pas seulement raconter.
Tolède, ancienne capitale du royaume de Charles Quint, a toujours ses palais somptueux et ses fontaines rafraichissantes. Elle n’est plus la demeure du roi mais garde son rayonnement spirituel. Elle regroupe une trentaine de paroisses et une quarantaine de couvents. C’est une ville riche de l’or des Amériques avec une foule de boutiques de draps, de soierie et d’armurerie. Le clergé a tout pouvoir. L’inquisition a pignon sur rue. Il y a n cercle de prélat dans la lignée d’Erasme pour unir le profane et le sacré. Mais, à Tolède il n’y a pas encore de notion d’artiste. Tout est à inventer.
L’adoration du nom de Jésus dit Le songe de Philippe II- 1579/1580 -Le Christ, Juge suprême, est symbolisé par les trois lettres IHS qui sont l’abréviation grecque de Jésus. Greco peint une toile rendant hommage au souverain champion du combat catholique et qui lui est destinée, probablement pour attirer son attention et le convaincre de l’engager – Dossier pédagogique
Le second tableau, (Le martyre de Saint Maurice) Philippe II le refuse mais ne le détruit pas. Il perd son emploi chez le roi et ne travaille plus pour l’Escurial. Sa première grande commande lui vient de Diego de Castilla, père de Louis, rencontré à Rome et doyen de la cathédrale de Tolède. Elle concerne le monastère de Santo Domingo El Antiguo de Tolède. Le tableau de l’Assomption constituait l’élément central.
L’Assomption de la Vierge, 1577-1579 -Chicago, The Art Institute of Art – Ce tableau n’était pas revenu en France depuis 1904. C’est une des premières toiles du Greco à Tolède. Il invente là non seulement le grand format mais aussi favorise la peinture alors que c’était la sculpture qui avant illustrer les maîtres d’autel.
Inspiré de l’Assomption du Titien, celle du Greco devait faire œuvre d’éducation. Il décrit le miracle de Marie avec l’étonnement des Apôtres et le bonheur de Marie qui part rejoindre son fils, devenu Dieu. Greco met à l’honneur Marie, la fille mère.
Les couleurs (jaune , bleu roi électrique, rose violet) rappellent l’époque vénitienne. On devine le début du travail sur les portraits qui est le talent du Greco.
La Crète est envahit par les Turc, leurs sièges font de nombreux morts En continuant son périple, il va participer au siècle d’or (du XVIème siècle au XVII) de Tolède et deviendra le plus espagnol des peintres grecs.
La découverte massive d’or lors des découvertes des Amériques et la réunification de l’Espagne font qu’un âge d’or artistique arrive. Tolède devient un grand centre culturel avec la présence plus tard de Cervantés, puis Vélasquès, plus jeune, qui clôturera cette partie.
Portrait du cardinal Nino de Guevara – 1600 – Si la pose du cardinal de Guevara est traditionnelle, le détail des lunettes est intéressant : une petite cordelette passe derrière l’oreille pour les maintenir en place. Le port des lunettes est une grande nouveauté technique à l’époque. Dans la tradition, elles symbolisent la clairvoyance, physique et morale. Dossier pédagogique
Greco reprend la tradition vénitienne de faire des grands portraits. Il devient l’un des plus grands portraitiste de l’histoire de l’art, même si peu de femmes ont été représentées. Il cherche à approcher la personnalité de la personne. Ici c’est un grand inquisiteur réputé pour être libéral, représenté comme un homme lettré et érudit. Petit clin d’œil du Greco : avoir placé sa signature sur le petit papier au pied du cardinal ce qui oblige le spectateur à se prosterner pour le lire !
Par sa modernité, Greco annonce les portraits de Vélasquez et de Francis Bacon.
Innocent II – Vélasquez
Francis-Bacon-self-portrait-1972
Greco domine complétement le marché de Tolède en l’inondant. Il impose ses prix et son jugement dans la peinture du moment. Il passe beaucoup de temps en procès car souvent les prix acceptés ne sont pas ceux payés.
Saint Martin et le pauvre -1597-1599. Martin, le jeune légionnaire de l’armée romaine âgé de 18 ans coupe son manteau et en donne la moitié à un malheureux transi de froid. Cette scène, censée se produire au 4e siècle à Amiens est transposée par Greco à son époque. Le cavalier est vêtu d’une armure du 16e siècle et à l’arrière-plan en contre-bas la ville de Tolède apparaît. Dossier pédagogique
Devant le développement de la foi, chaque grande famille de Tolède souhaite faire construire des chapelles et des oratoires. Greco se dote d’un atelier pour pouvoir répondre aux commandes ordinaires. Lui s’occupe de l’extraordinaire et des nouveautés. Son fils Jorge Manuel Theotocopouli apprend le métier dans son atelier, comme Titien travaillait avec des membres de la famille. Le tableau Saint Martin et le pauvre pourrait être une façon de faire comprendre à son fils le passage de relais de la peinture, puisqu’il fait de Jorge son légataire universel. Greco prouve aussi son habilité à dessiner les nus, comme Michel-Ange.
Picasso découvre deux fois celui qu’il appellera le Maître. En Espagne, il découvre le premier peintre espagnol et à Paris, à travers l’interprétation de Cézanne, il découvre les émotions et les impressions des peintures du Greco.
Le Christ chassant les marchands du temple – 1575 –
Je ne pense pas que Greco soit particulièrement un peintre de l’exaltation. Greco est un artiste du concret. Les ciels qu’il voit sont ceux de Tolède, le vert électrique qu’il voit est celui de la vallée de Tage…pas une nature réduite à ses apparences, mais une nature complexe, des températures, du mouvement, du temps, de la durée, des impressions… Guillaume Kientz – Commissaire de l’exposition.
Les maîtres du Gréco : Titien, Giulio Clovio, Michel-Ange et vraisemblablement Raphaël.
Son style singulier caractérisé par le maniérisme extrême veut unir le profane et le sacré n’est pas apprécié de tous. Son mysticisme qui affleure au début de son arrivée en Espagne devient de plus en plus important tout au long de sa vie.
La piéta – 1580/1590
Ce tableau est un hommage à Michel-Ange. L’icône de la Vierge Marie devient la figure artistique du 17ème siècle dans la Chrétienté méditerranéenne. Elle fut une figure de la peinture du Gréco, en sublimant le portrait de la jeune fille.
La sainte famille –
A la fin de sa vie, El Greco est accablé de dettes. Vivant dans le faste, envahit par sa neurasthénie, il est réputé comme acariâtre et défend ses prérogatives de grand artiste.
Partagé à la fois par les excès et la neurasthénie, El Gréco meurt . Il est oublié pendant trois siècles. Mais retrouve son influence avec l’arrivée des impressionnistes. Depuis, il ne cesse de nous ravir.
Sources :
Greco, Picasso, 1900
Gréco, la traversée vers Tolède – Compagnie des œuvres en quatre épisodes de Mathieu Garrigou-Lagrange. France culture
L’art et la matière – Jean de Loisy – France culture
Dossier pédagogique
La leçon de ténèbres – Léonor de Recondo
Questions pratiques :
Grand Palais – 16 octobre 2019 – 10 février 2020
Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, le musée du Louvre et l’Art Institute de Chicago.
Commissaires de l’exposition :
Guillaume Kientz, directeur des collections européennes, Kimbell Art Museum, Fort Worth.
Charlotte Chastel-Rousseau, commissaire associée, conservatrice des peintures espagnoles et portugaises, département des Peintures, musée du Louvre, Paris.
Rebecca Long, Patrick G. and Shirley W. Ryan Associate Curator of European Painting and Sculpture before 1750, the Art Institute of Chicago.
Lorsque cette chronique va paraître, l'exposition sera terminée. Et, pourtant comment vous faire partager les émotions nées à la vue de ce travail si particulier. J'ai choisis pour certains tableaux de vous présenter les détails, Domènikos Théotokopoulos dit Greco Première rétrospective organisée en France, cette exposition rassemble près de 75 peintures posées dans un écrin de modernité qui sublime les couleurs du…
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Un peu d’histoire... Campeche
Avant l'arrivée des conquistadors qui fondèrent la ville, la région est occupée par les Mayas depuis le xe siècle. Cette zone en particulier est sous la domination de la cité d'Edzná, située à 60 km de Campeche et édifiée par le peuple Itzá (également fondateur de la cité de Chichén Itzá). Edzná a connu son apogée aux environs de l'an 1000.
En mars 1517, l'expédition espagnole commandée par Francisco Hernández de Córdoba, partie de Cuba, atteint la côte de l'actuelle Campeche. Ayant besoin d'eau, les conquistadors débarquent dans un village maya, Can Pech, où ils sont accueillis pacifiquement par les villageois, qui leur demandent néanmoins de quitter les lieux après s'être ravitaillés en eau.
En 1526, Charles Quint demande à Francisco de Montejo dit El Adelantado, qui avait participé à la prise de Mexico-Tenochtitlan avec Hernán Cortés, de conquérir la péninsule du Yucatán. Dans un premier temps, Montejo et ses hommes s'aventurent sur la côte orientale du Yucatan, mais ils sont repoussés par les Mayas. En 1531, Montejo réussit à pénétrer la péninsule par la côte occidentale, et fonde la ville de Salamanca de Campeche. Son fils Francisco de Montejo dit El Mozo (soit « le jeune homme »), prend la ville de Chichén Itzá pour y installer la première capitale du Yucatan, mais cet emplacement sera abandonné quelques années plus tard.
En 1540, Francisco de Montejo El Mozo crée une nouvelle garnison sur la côte ouest du Yucatan, qu'il appelle San Francisco de Campeche. Ce port sera d'une grande importance pour la suite de la conquête du Yucatan.
Après avoir soumis les Mayas militairement, les Espagnols s'efforcent de les convertir à la religion catholique. Les franciscains, qui étaient arrivés dès 1535 pour repartir peu après à la suite de conflits avec les autochtones et les colons, reviennent à Campeche en 1540. Ils entreprennent la construction de l'église et du couvent San Francisco sous la direction du frère Luis de Villalpando.
La situation de Campeche dans le golfe du Mexique en fait le principal lieu d'échanges de la péninsule du Yucatan, ce qui permet l'essor économique et l'accroissement de la population de la ville. Campeche exporte notamment du bois de Campêche (produit tinctorial) et du sel. Elle comporte également des chantiers navals.
Mais le monopole commercial imposé par l'Espagne à ses colonies a pour conséquence le développement de pratiques illégales visant à contourner ce monopole. Ainsi, contrebande et piraterie se développent largement dans le Golfe du Mexique, et notamment autour de Campeche.
Pour freiner ces pratiques, les autorités créent en 1616 un permis de coupe et de commercialisation du bois de Campêche. Cependant, cette mesure fut inefficace puisque la piraterie continue à se développer. En 1629, le roi Philippe IV d'Espagne crée une flotte de garde-côtes pour protéger le commerce maritime, ainsi qu'une garnison pour défendre la cité, mais ni l'une ni l'autre ne sont réellement efficaces. Cependant, accaparé par les pressions militaires des autres nations européennes et par les révoltes dans ses possessions néerlandaises, Philippe IV n'est pas en mesure de renforcer la protection de la cité. Ainsi, le 27 janvier 1661, une flotte de flibustiers, emmenée par Henry Morgan, attaquent et pillent deux navires de commerce dans la baie de Campeche, et repart sans être poursuivie. D'autres pirates célèbres ont attaqué Campeche, comme John Hawkins, Francis Drake, Jean Lafitte, Laurent de Graff, Cornelius Jol, Michel de Grandmont, et François l'Olonnais.
Ce n'est qu'en 1686 que commence la construction de fortifications autour de la ville, qui durera jusqu'en 1704. Ces réalisations, supervisées par l'ingénieur français Louis Bouchard, comprennent un mur d'environ 2,5 km de long reliant des bastions défensifs.
Ce mur a une épaisseur de 2,6 m à la base et une hauteur moyenne de 8,4 m. Les bastions sont au nombre de huit :
* San Francisco et San Juan défendent la Porte de la Terre
* Notre-Dame de la Solitude protège la Porte de la Mer
* San Pedro servait de prison durant l'Inquisition
* San Carlos abrite aujourd'hui le musée de la Ville de Campeche, Santa Rosa accueille des expositions et Santiago un jardin botanique. Ce dernier a été reconstruit dans les années 9150.
* Enfin, San Jose le Bas a été détruit.
Par ailleurs, deux forts à l'extérieur de la ville viennent compléter le dispositif: San José le Haut (aujourd'hui Musée des armes et des navires), et San Miguel (Musée d'archéologie).
Source wikipedia
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Charles III le Simple
Charles le Simple (Charles III de France, 879-929, r. 893-923) était le roi de la Francie occidentale (plus ou moins la France actuelle) vers la fin de la période des raids vikings dans la région. Son épithète "le simple" fait référence à son habitude d'être franc et honnête, et non pas simple d'esprit ou lent. On le retrouve dans la série télévisée Vikings, où son personnage est interprété par l'acteur canadien Lothaire Bluteau.
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Gisela de France
Gisela de France était une princesse franque légendaire du Xe siècle de notre ère, qui, selon la tradition, fut mariée au chef viking Rollon de Normandie. Son nom, Gisela ou Gisla, vient d'un mot du vieil allemand signifiant "s'engager", l'équivalent français serait Gisèle. Le consensus général parmi les historiens est que Gisela de France naquit vers l'an 900 dans le royaume de Francie occidentale, à la cour de Charles le Simple. Selon toute vraisemblance, elle était l'une des six filles du roi et de sa première épouse, Frédérune. Il est également stipulé que Gisela fut mariée à Rollon, le fondateur et premier souverain de la région de Normandie, après sa conversion au christianisme en 911.
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Eudes de Francie occidentale
Eudes de Francie occidentale (aussi connu sous le nom d’Eudes ler. c. 856-898, r. de 888 à 898) était comte de Paris et le héros du siège de Paris par les Vikings (885-886) qui devait être élu roi de Francie occidentale peu de temps après. Fils aîné de Robert le Fort (c. 830-866), il était aussi comte d'Anjou, duc des Francs, marquis de Neustrie et frère aîné de Robert Ier (r. 922-923) qui remplaça Charles le Simple (r. 893-923) en tant que roi de Francie occidentale. Malgré les nombreuses difficultés qu'il rencontra tout au long de son règne, Eudes est généralement considéré comme un monarque capable. Cependant, il est surtout connu pour le rôle essentiel qu'il joua dans la défense de Paris.
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Bon, j'ai bien l'impression que ton post était pour les anglophones natifs d'entre nous mais j'ai ces questions qui me trottent dans la tête depuis un petit moment donc je tente ma chance... Pourquoi pardonner (je veux dire je vois le rapport lointain avec donner mais je ne vois pas ce que le par apporte) ? Et surtout pourquoi merci (pitié?) alors que dans les langues européennes on semble préférer grace (gracias, gracie, thanks, désolée j'ai pas d'autres exemples)?
Ah, c’était en anglais, mais les sollicitations francophones sont toujours très appréciées, et redoutablement pertinentes…
Pour ce qui est du merci, je suis fière de dire que je l’avais déjà couvert, en répondant à une question sur les formules de politesse de rien (pas poli !) et je vous en prie. Je viens juste de l’ajouter à la liste des articles de ma section Linguistique, ici. Le commentaire est là.
Dès les premières attestations, merci signifie « grâce, miséricorde, pitié », d’où des expressions comme sans merci « sans pitié » ; mais à partir d’environ 1200, il désigne dans le langage amoureux une « faveur » (le don de merci), surtout ce que l’on a appelé plus tard les dernières faveurs – soit une faveur sexuelle. Dans l’expression Dieu merci s’exprime la notion de grâce – c’est un synonyme de grâce à Dieu – et à la merci de signifie « à la discrétion de », indiquant que son sort réside dans les mains de quelqu’un d’autre, du destin. L’usage de merci comme interjection utiliser pour remercier est attesté depuis 1135 dans l’expression grand merci. À l’origine, cet emploi procède de la valeur de « grâce » réalisé dans plusieurs autres langues du groupe indo-européen ; voir l’italien grazie, l’espagnol gracias, l’anglais thanks, l’allemand Danke, le russe spacibo, de satj « sauver » et bog « Dieu » : « que Dieu te sauve »…
Autrement dit, bon nombre des langues indo-européennes, en remerciant, font dire à leurs locuteurs qu’ils attirent la grâce divine sur la personne qui leur a rendu service, les a « sauvés » : on souhaite donc le salut, la meilleure chose qui soit dans le monde chrétien, à celui dont on s’estime le débiteur, par fait ou par élégance…
Maintenant, en ce qui concerne pardonner, il faut sans doute que je fasse un petit détour explicatif par cet élément préfixal par-, issu de la préposition latine per (qui est devenue la préposition française par) ; les Latins s’en servaient pour marquer l’achèvement, la perfection… ils le joignaient à un adjectif ou à un adverbe pour former une sorte de superlatif absolu ; cela se trouvait le plus souvent dans des formations populaires ou familières, mais pas forcément. Cicéron, par exemple en employait beaucoup, comme perfacilis : « facile de bout en bout ». On joignait également per- à un verbe afin d’en renforcer le sens, un emploi qui s’est particulièrement développé à basse époque – le bas latin, c’est la langue des derniers siècles de l’Empire qui a évolué en dialectes romans, ancêtres du français contemporains.
En ancien français, par était employé comme adverbe d’intensité pour modifier le sens d’un adjectif et d’un verbe, ce dernier emploi suscitant, par soudure, la formation d’un nouveau verbe préfixé : d’où parachever, parcourir, parfaire, parfondre, parvenir…
Pardonner est apparu pour la première fois dans les textes vers 980, sous la forme perdonner (pardoner en 1050), issu du latin tardif perdonare, attesté une seule fois, dans l’Ésope de Romulus (un fabuliste probablement légendaire qui a livré des traductions de fables antiques, très populaires au Moyen-Âge), soit quelque part entre 350 et 500. Donare signifie ici, très spécifiquement dans un contexte abstrait, « faire remise de, accorder son pardon ».
Le verbe est d’abord attesté dans l’ancienne expression perdonner vide [vie] a, « faire grâce, laisser la vie sauve [à un condamné] ». Il a pris très tôt son sens actuel, « remettre à [quelqu’un] la punition d’un péché » (fin Xᵉ siècle) dans un contexte chrétien, puis signifie « tenir une offense comme non avenue » (1080). Dans la seconde moitié du XVIᵉ siècle, il entre dans la formule de politesse pardonnez-moi et, au XVIIᵉ siècle, dans vous êtes tout pardonné (1694). Avec le sens d’« épargner » (1573), il est limité à quelques emplois dont la locution familière ça ne pardonne pas. Au XVIIᵉ siècle se développent les sens affaiblis de « considérer avec indulgence [une erreur, un défaut, une imperfection] en lui trouvant une excuse » (1616-1620). Le pronominal se pardonner, d’abord employé avec le sens ancien de « se ménager » (1520), a pris ses valeurs modernes, passive et réciproque, au cours du XVIIᵉ siècle.
Quant à donner, il fait partie des tout premiers mots que nous connaissions de roman, ou « vulgaire roman », c’est-à-dire la langue parlée au tout début du Moyen Âge – le IXᵉ siècle – et qui à cette époque est devenue complètement distincte du latin.
En turquoise et vert, voici la Romania, un ensemble géographique où le latin populaire s’est transformé au fil des siècles en langues romanes. En vert, ce sont des langues co-officielles ; tout le reste, des langues officielles. Il s’agit en d’autres termes du nord-ouest de l'ancien Empire romain d'Occident, et de l'Empire Romain d'Orient, où les Valaques parlaient une forme de latin vulgaire (mais où la langue grecque est rapidement devenue officielle en Europe et en Anatolie, tandis que la Syrie, la Palestine et l'Égypte sont passées à l'arabe après la conquête musulmane). Les mots roman(e) et Romania remontent à des dérivés de l'adjectif latin romanus : l'on considérait en effet que leurs locuteurs utilisaient une langue issue de celle des Romains, par opposition à d'autres introduites ultérieurement dans les territoires de l'Empire, comme le francique au nord de la France, langue des Francs appartenant à la branche des langues germaniques.
La première attestation du terme roman remonte au concile de Tours de 813, l’un des cinq réunis cette même année à l'initiative de Charlemagne ; à Tours, nous avons la première trace d’une distinction entre une langue de type roman et une langue germanique (qualifiée de tudesque, ainsi que l’on désignait toute chose d’origine germanique à l’époque – Deutsch est de la même étymologie). Il s'agissait d'une forme évoluée de l'une des langues gallo-romanes, ancêtre des langues actuelles parlées sur le territoire français et nommée rustica romana lingua, ou encore roman. Le texte des minutes du concile de Tours, encore largement latinisé, est, dans l'état actuel des connaissances, la première source écrite romane attestée.
En 842, deux des trois petits-fils de Charlemagne (les fils de son fils Louis le Pieux) se réunissent en la bonne ville de Strasbourg pour signer une alliance militaire contre leur frère aîné Lothaire I ͤ ͬ, lequel vient de réclamer le titre d’empereur d’Occident, restauré par Charlemagne… Or, ni Charles le Chauve, roi de Francie occidentale (qui serait lui-même couronné empereur d’Occident en 875), ni Louis le Germanique, roi de Francie orientale, n’entendent le reconnaître comme leur suzerain… Ils se rencontrent donc, et chacun s’adresse aux soldats de l’autre dans la seule langue que comprennent ces soldats… Charles prononce donc son serment en langue tudesque, et Louis, en langue romane. Les Serments de Strasbourg représentent l’acte de naissance de la langue française puisqu’ils constituent le plus ancien texte français conservé – quand bien même nous ne possédons par la version originale mais une transcription du chroniqueur franc Nithardleur contemporain, lui aussi petit-fils de Charlemagne, et cousin germain des trois rois, et un des conseillers de Charles II le Chauve après le partage de l’empire en 843, après réconciliation de la royale famille..
Donner est directement issu du latin donare « faire don », également avec les valeurs figurées de « sacrifier » « tenir quitte de », « gratifier de ». C’est en fait un mot formé par dérivation de donum « don », lui-même dérivé de dare, dont le sens est identique à donare sauf qu’il s’agit là du latin classique, quand donare appartient au registre populaire ; à la fin de l’empire (on dit « à basse époque ») les deux verbes se font concurrence. Si le second l’a emporté, on ne sait pas très bien pourquoi. Quoi qu’il en soit, leur racine indo-européenne commune est °do-, de même sens, dont sont issus le sanscrit dádāmi,. le grec ancien didomai, le persan dadan, et de nombreux autres – mais elle a complètement disparu des langues celtiques et germaniques. Dare n’a laissé que quelques traces en gallo-roman, mais aura quand même donné dos, dotis (d’où dotare, et par-là doter, dot et douer). En revanche, il se retrouve dans l’italien dare (à côté de donare) et l’espagnol dar (à côté de donar). À noter qu’en gallo-roman, donner a subi la concurrence de bailler, qui évoquera peut-être des souvenirs d’école parce qu’on le trouve encore dans les Fables de La Fontaine, par exemple, quoique dans une expression figée, archaïsante : vous me la baillez belle !
Donner est entré très tôt en français avec le sens d’« attribuer, conférer » en parlant de la puissance ou du pouvoir. En fait, le verbe a développé la plupart de ses valeurs usuelles avant le XIIIᵉ siècle. L’idée d’« attribuer » est réalisée à propos d’un nom dès 1080, mais seulement depuis la première moitié du XVIᵉ siècle en parlant d’une qualité, d’un caractère. Le sens de « faire don » date de la seconde moitié du Xᵉ siècle où il s’est réalisé spécialement dans la locution donner l’aumône (1050) et, absolument, dans le contexte de la charité chrétienne (1160-1174). Il compte bientôt les valeurs de « remettre, mettre à la disposition de » (vers 980), « procurer, accorder » (1050), « communiquer un conseil (1050), un congé (1080), sa foi, une promesse (1080) ». Glissant vers l’idée d’« indiquer, informer » (vers 1250), il en est arrivé par prendre, avec un complément désignant une personne, le sens argotique de « dénoncer, indiquer à la police » (1828).
Selon les compléments qu’il introduit, il correspond aussi bien à « faire sentir, applique [un baiser] » (vers 980) qu’à « asséner [des coups] » (1080) ; selon le contexte, il signifie « faire que », comme dans donner à entendre (vers 1278) et, s’éloignant de l’idée essentielle de « don », il induit l’idée d’un rapport monnayé, recevant de nouvelles acceptions, comme « acheter » (1050), « évaluer à » (1130), « rapporter, faire gagner » (1160-1170).
Dans les rapports humaines, il est synonyme de « mettre à la disposition de » (1130-1140, donner [une fille] en mariage), sens réalisé par la forme pronominale se donner avec toute une palette de nuances (d’une femme, le sens est le plus souvent d’« accepter des relations sexuelles »). Le verbe exprime aussi l’idée de « faire, participer à » (1080, dans l’expression donner bataille, remplacée par livrer bataille) et, à propos d’un spectacle, « exécuter » (début du XVIᵉ siècle, faire donner des aubades) ; dans le domaine des sentiments, il correspond à « provoquer, engendrer » (1160) et à « exprimer, manifester » (1170). Dans la langue familière, s’en donner (1808, de se donner du bon temps) signifie « s’amuser ».
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